LA MOTRICITE LIBRE Être parent dans la société occidentale d’aujourd’hui n’est pas une tâche facile. Il manque des repères ou il y en a trop, souvent les parents sont seuls à trouver leur mode de vie avec leur(s) enfant(s). L’ancienne autorité parentale traditionnelle (domination, soumission-punition) ou la moins ancienne liberté sans limites de « l’enfant-roi » sont deux extrêmes entre lesquels les parents cherchent leur chemin. La pédiatre Emmi Pikler avait une perception novatrice pour comprendre les besoins fondamentaux des jeunes enfants, dans la sphère relationnelle comme dans leur autonomie. Son observation des jeunes enfants l’a amenée à comprendre le lien entre l’autonomie laissée à l’enfant dans ses activités ludiques et sa capacité d’accepter les règles et limites qui accompagnent son développement, si la relation parent enfant est chaleureuse, fiable et sécurisante. Elle a fait des propositions pratiques, respectant la spontanéité du bébé, en aménageant un environnement autour d’eux qui permet que leur créativité et compétences adviennent. Nous avons le désir et la responsabilité de transmettre ces idées innovantes. ROULER RAMPER En motricité, deux points essentiels et indissociables : 1.La meilleure position pour le bébé, est celle qui est sans risque pour lui, qui lui permet de se sentir confortable et en sécurité. Ce qui veut dire que c'est une position dans laquelle l'adulte peut aussi, en toute sécurité, laisser l'enfant. 2.Pour assurer à tout le monde cette sécurité, il faudra toujours partir de là où en est l'enfant, du point de vue moteur, c'est-à dire de ses capacités du moment. La position la plus confortable et la plus sécurisante pour un bébé lors de ses temps d'éveil, est la position sur le dos. En motricité, le développement se fait de la tête vers les pieds (tête/tronc/jambes), la tête étant donc la première partie du corps à bouger (lors des premiers mouvements volontaires). Le développement moteur se fait aussi du milieu vers les extrémités. C'est pourquoi la motricité fine s'acquiert en dernier... Par ailleurs, "le mouvement, c'est la vie", c'est un besoin naturel et incontournable chez les bébés et les jeunes enfants. En bougeant, le bébé apprend des choses sur lui et sur son corps. Ainsi, lors des premières tentatives de retournements, le bébé expérimente sa capacité à tolérer les sensations de déséquilibre que provoque le basculement de son corps sur le côté. De cette façon, il construit sa conscience de lui-même. "Quand je tourne, tout vient" : il va développer progressivement un sentiment d'unité, et comprendre la façon dont il est constitué. Lors du retournement, le bébé apprend, pour la première fois, à prendre appui avec ses mains. Cet apprentissage, qui va se poursuivre lors des expériences suivantes, est essentiel, car c'est grâce à cela que l'enfant, plus tard, mettra ses mains en avant en cas de chute... (réflexe parachute). En bougeant librement, il va acquérir un répertoire large de mouvements variés, ce qui, du point de vue du psychomotricien, est un signe de bonne santé générale. De plus, la motricité libre est un moyen de prévention des chutes et des fractures :
Lors de son développement moteur global, le bébé doit passer chronologiquement et progressivement par quatre modes de déplacement (qui peuvent cohabiter à certaines périodes...)
Ramper et marcher à 4 pattes sont deux modes de déplacement très importants car ils permettent une coordination du haut et du bas du corps, ainsi qu'une coordination du côté droit et du côté gauche du corps. Par ailleurs, ces deux modes de déplacement s'effectuent "tête en avant" , ce qui est naturel chez l'enfant, si on laisse la motricité s'exercer librement. Passer sous un tunnel, par exemple, ne leur posera aucune difficulté. Que se passe t-il lorsqu'on met les bébés dans des positions qu'ils n'ont pas encore acquises par eux-même ?
Attention à l'utilisation massive des portiques et arches que l'on place au-dessus de la tête des bébés, souvent très tôt et très longtemps !!! Ces derniers maintiennent le bébé dans un rapport uniquement axial (regard et tête toujours dans le même axe), et l'empêchent de tourner sa tête pour explorer visuellement son environnement (en tournant sa tête, l'enfant prépare son retournement sur le côté). Il vaut mieux disposer quelques jouets autour de lui, qu'il peut attraper facilement, et qui vont être une stimulation pour tourner sa tête. Conclusion : il est nécessaire de dissocier les envies, besoins, désirs des adultes, des besoins et capacités réelles des enfants. L'observation reste un outil indispensable, à condition de savoir quoi regarder ! En cela, l'accompagnement par des professionnelLEs permet de se rendre compte de la richesse motrice des bébés. Etre vigilant aussi bien sur l'hyper-stimulation des adultes à l'égard des bébés (et la volonté de vouloir les faire avancer trop vite...), que sur l'hypo-stimulation, qui consiste à les surprotéger, et de ce fait, à les empêcher dans leurs initiatives... L'une comme l'autre ne sont pas bénéfiques à l'enfant. |
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